L'être qui travaille se dit : Je veux être plus puissant, plus intelligent, plus heureux – que – Moi.
Paul Valery
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Henry James
Non pas seulement le futur à prévoir, mais l'avenir à libérer.
Jacques Rancière

mercredi 14 décembre 2011

Allemagne année zéro – Rossellini

Mort de l’enfance dans Berlin en ruine.
Berlin au lendemain de la guerre. Edmund, 12 ans, vit avec son père malade, son frère reclus par la peur d’être emprisonné à cause de son passé dans la Wehrmacht et sa sœur qui le soir essaie de se faire payer des cigarettes par les soldats alliés pour une monnaie d’échange sur le marché noir. A cause du frère qui refuse de se signaler, la famille n’a que 3 cartes de rationnement pour 4. Faim dans le foyer. De plus l’office de relogement les a placés en compagnie d’une famille qui ne les supporte pas, la famille d'accueil voyant dans la maladie du père d’Edmund, une ruse pour ne pas travailler. Hostilité.
Edmund fait tout ce qu’il peut pour aider ses proches. Il essaie de travailler comme fossoyeur, mais il est trop jeune. Alors il ne peut qu’aller vers la rapine et le trafic; avec un groupe de son âge. Découverte du vol et du sexe par la même occasion.
Lors d’une de ses nombreuses errances dans le cadavre de Berlin, il rencontre un ancien professeur, toujours vampirisé par la nazisme - et surement pédophile dans la façon dont il caresse Edmund- qui lui recrache l’idéologie du droit des forts. Nietzsche « que les faibles et les tarés périssent ». Croyant innocemment que cette idéologie sauvera sa famille, il empoisonne son père, poids mort et indolent.
L’enfant retrouve son professeur, et lui raconte ce qu’il croit être un acte bon et héroïque. Sauf que l’Allemagne a perdu la guerre. Ce qu’il a fait est un crime. Cette idéologie mortifère ne règne plus et ne légitime plus ses crimes. Edmund fugue de l’appartement lugubre. Longue marche dans les décombres. Le jour de l’enterrement de son père, Edmund est dans l’immeuble dévasté qui fait face à son appartement; il voit le cortège familial et funèbre. Sursaut moral intempestif. Edmund saute de l’immeuble et se suicide.

Beau comme un haïku. Rien de superflu. La narration à l’os. L’innocence blonde pourrie par l’idéologie nazi. Mais rebond moral par le suicide. L'Allemagne s’est elle aussi suicidée dans ses fautes. On voit son corps décomposé tout au long du film avec l’archiprésence des ruines. Pour relever le pays il faudra réapprendre aux enfant à aimer la vie.

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