L'être qui travaille se dit : Je veux être plus puissant, plus intelligent, plus heureux – que – Moi.
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Non pas seulement le futur à prévoir, mais l'avenir à libérer.
Jacques Rancière

mercredi 14 décembre 2011

Short cuts – Robert Altman

10 histoires entremêlées et tissées dans un los Angeles hyperréel des nouvelles de Carver.

L’ouverture du film est un ballet. Des hélicos transmutés en insectes par une rampe de pulvérisation, survolent les pavillons infinis de L.A. Au sol un taxi ivre transporte des corps endormis.

Il s’agit maintenant de dérouler le fil. Si tout se passe bien on peut partir de n’importe où, puisque chaque histoire déborde dans une autre. La musique sert de lien. On peut débuter par là.

Une chanteuse de jazz en fin de carrière, anime les soirées avinées d’une boite populaire. Elle chante le désabusement et parle entre les chansons d’une façon détachée, de la mort par overdose de son mari. Sa fille, violoncelliste dépressive, ne supporte pas la déchéance de sa mère et veut entendre l’histoire de son père qu’elle a peu connue. Elle se suicidera dans le garage de la maison.

Leurs voisins sont un couple bancale, un présentateur télé et une andy macdowel complètement ingénue. Alors que Macdowel, commande un gâteau d’anniversaire à son fils, celui-ci se fait renverser par une voiture. Il semble n’avoir rien, toute fois il rentre chez lui. Sa mère semble incapable de gérer l’événement, elle laisse son fil s’endormir. Celui-ci tombe dans le coma. Il ne se réveillera pas.

Alors qu’ils sont à l’hôpital, le présentateur retrouve son père, divorcé depuis l’enfance, mais habitant tout près du couple. Ce père ne mesure pas la tragédie familial, et ne parle finalement vraiment que la cause de son divorce ; l’unique infidélité avec la sœur de sa femme.

La tueuse, bien involontaire, de l’enfant est une serveuse de motel. Elle est en couple avec le taxi, insatiable ivrogne à la coupe de rockabilly. Mais plutôt que d’être abandonnée elle préfère se coltiner un amour alcoolique et éphémèrement romantique.

C’est aussi la mère d’une jolie jeune fille, vivant en couple avec robert downey junior. Ceux-ci ont la charge d’un appartement voisin pour un mois. Ils en profitent pour vivre une intimité dans une intimité nouvelle, celle de l'appartement vide de leurs voisins. Scène sadique de faux meurtre sur le lit des amis partis.

Ce couple passe son temps libre avec un autre couple voisin à la libido transvocal. La femme travaille à la maison, en temps qu’allumeuse de sexyphone. Scène assez drôle de sexualité téléphonique, où la voix est détachée du corps, où les pipes se font en changeant les couches. Le mari est un homme assez rustre dont le travail est de nettoyer les piscines de ses riches voisins. Son désir, mis en branle toute la journée par la voix mouillée de sa femme, est annulé par le contexte familial et quotidien du foyer.

Ces deux couples amis, finiront par pique-niquer dans un parc ensoleille. Le mari frustré, ours à bière, tuera une petite allumeuse à vélo.

Bon là il faut que je fasse un gap, j’ai pas su gérer le fil, il n’y pas de lien direct. C’est le complot du discontinu.

On repart de l’ouverture, les hélicos, le taxi.

L’un des pilotes d’hélicoptère est le père divorcé d’un petit garçon à cheveux gras. Sa femme est une sorte de pute opportuniste. Le pilote ne supportant pas le marivaudage décide de détruire méthodiquement l’appartement de son ancien amante, alors que celle-ci est en voyage avec une conquête tiers puisqu'elle couche une bonne partie du film avec un flic motard.

Celui-ci est le mari de l’ennui, de l’ennui d’une famille rangée, trois enfants, un petit chien aboyeur. Il ne cesse de fuir le foyer pour aller baiser ailleurs. Sa femme n’est pas dupe d’être trompée, elle rit même des justifications pitoyables des absences de son mari. Elle sait qu’il reviendra.

Elle est ami avec une femme peintre, chez qui elle pose nue. Son mari est médecin, il soigne le fils du coma. Ah zut le lien était là. Le nœud de tout c’est l’enfant, je m’en doutais. Ce couple semble à priori le plus près de la normalité. Or avant un barbecue final, on apprend que ce médecin, ultra normatif, veut entendre toute la vérité sur une aventure supposée de sa femme. Celle-ci avoue tout, qu’elle a trompée. Elle avoue tout, seulement habillée d’un pull. Le sexe à l’air. Succession amusante d’un dialogue où se joue la vie avec l’hypocrisie social des bavardages barbecues qui suivront.


Le couple invité du barbecue est composée d’une femme clown, et d’un mari chômeur et pécheur. Celui-ci revient d’une parte de pêche où il a trouvé le cadavre d’une jeune fille flottant entre deux eaux. Alors qu’il a décidé, avec ses compagnons de pêche, de ne rien faire pour ne pas abandonner leurs détentes piscicole, la narration de ce renoncement dégoute profondément sa femme. L’alcool aidant, le barbecue se transforme en fête romaine, les non-dits affleurent à la surface et percent le langage social alors que les deux couple se maquillent. Ici le masque permet le vérité.

A la fin du film, une secousse sismique unit tous les couples.

Infidélité, alcool, sadisme, sont les attributs des quotidiens des couples. Rien n’y échappe, et ce n’est pas grave. Le vrai malheur, c’est la mort et la séparation des générations. A vrai dire, ce n’est pas un film à morale, le seul sens qui se dégage c’est Life is Life, Anyway. Par contre la mort, ça on ne peut rien y faire. Il n'y a donc qu'à vivre.

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